Alors que, ce 6 février, Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, s’enthousiasmait lors de l’annonce du programme hors-les-murs prévu lors de la fermeture, dans les rangs de l’institution, la colère se mêle désormais à l’aigreur.
Après trois mois de mouvement social, deux syndicats sur cinq (FO et la CFDT représentant un peu plus de 50 % des employés, qui n’ont pas été consultés) ont signé avec la présidence un protocole d’accord « relatif à l’accompagnement des équipes pendant les travaux (2025-2030) », dynamitant au passage l’intersyndicale.
Deux assemblées générales, l’une organisée le 1er février à l’initiative de la CGT et Sud, l’autre le 5 février par l’UNSA, ont réuni une centaine de personnes. S’y sont succédées les prises de parole, la voix souvent tremblante, des délégués syndicaux et des salariés. « La signature du protocole ne met pas fin à la grève ! Le préavis n’est pas levé, il court jusqu’au 15 février ! », répétèrent les uns et les autres, rappelant que le préavis pouvait être renouvelé. Signer ou ne pas signer ? Le principal sujet de discussion reste la poursuite du mouvement. Faut-il parapher le protocole et ainsi intégrer les comités de suivi pour continuer à négocier les demandes non satisfaites – ce que semble plaider la CGT ? Ou le refuser et durcir la grève ?
C’est la position de l’UNSA : « Tout ne se décide pas en comité de suivi, qui est une usine à gaz. Signer c’est donner raison au passage en force, alors qu’il n’y a pas de réel engagement », signale un de ses représentants. Ceux-ci pointent les nombreux désaccords en suspens : le refus d’un double déménagement, usant énergie et ressources, l’absence de garantie concernant le plafond d’emplois (à propos des retours en poste, du maintien des 130 CDD et des remplacement des 175 départs en retraite) et l’externalisation (qualifiée dans le protocole d’un flou « à la marge »). Écœurés, des salariés ont exprimé leur « dégoût », le sentiment de « traîtrise » et la « perte de confiance » (y compris vis-à-vis des représentants de FO et de la CFDT). Tandis que certains appelaient à « reconstruire » le mouvement, d’autres avançaient l’organisation d’un référendum auprès de tous les agents du Centre ou d’actions plus visibles.