Dans de nombreux secteurs des industries culturelles, la voix humaine est un outil de travail qui, jusqu’à ce jour, était incontournable. L’évolution technologique du 21ème siècle bouleverse cette donnée avec une accélération du recours à l’Intelligence Artificielle (IA générative) dans des domaines concernant les artistes-interprètes, notamment le doublage, les voix-off, les jeux vidéo et les livres audio.
Devant les menaces de perte d’emploi pour les comédiennes et les comédiens, le SIA-Unsa s’est associé à une démarche collective des syndicats d’artistes-interprètes pour alerter la classe politique sur les conséquences négatives de l’IA qui pourraient envoyer au chômage les artistes et les techniciens des studios d’enregistrement, chargés du doublage en français des fictions, films d’animation et documentaires en langue originale étrangère.
Par ailleurs, au nom des lois d’un marché audiovisuel dominé par la production américaine, des producteurs français choisissent de tourner en anglais, tout en bénéficiant des fonds publics du Centre national du cinéma et de l’image animée. Ainsi, des comédiens francophones se trouvent obligés, dans des productions françaises, de jouer dans la langue de Shakespeare… et, de surcroit, ne sont même plus certains de pouvoir se post synchroniser ensuite dans la version française.
En effet, des sociétés de production françaises proposent actuellement aux comédiennes et aux comédiens des contrats prévoyant d’utiliser l’intelligence artificielle pour la version française du téléfilm ou de la série tournée en anglais et de se passer, pour les diffusions françaises, de la voix de l’artiste bien qu’il soit francophone.
Les britanniques ont quitté l’Union Européenne mais nous ont laissé leur langue en héritage : la Cité internationale de la langue française, récemment inaugurée à Villers-Cotterêts, célèbre en fait une « espèce en voie de disparition » !